mercredi 24 avril 2013

Deux tueurs : la querelle des anciens et des modernes


Deux tueurs, un jeune, un vieux, une nuit noire, un contrat à exécuter, la mort à l’arrivée. C’est le sujet de ce petit album, polar poisseux, percutant, précis et aussi efficace qu’un coup de barre de fer. Chpof !

© 1995 Guy Delcourt Productions

Paru en 1995 chez Delcourt, Deux tueurs est dessiné par Mezzo et scénarisé par Pirus. En 56 pages au format surprenant d’un livre d’enfant, très denses, en noir et blanc, les deux auteurs se livrent à un réjouissant exercice de style, véritable hommage aux films de gangsters du début des années 1990. Il n’aura échappé à personne, pas même à Ray Charles, que l’histoire fait furieusement penser à Tarantino (tueurs en costume noir, dialogues ping pong…) ou à David Lynch (décor de décharge toxique, gunfights improbable avec cadavres restant debout, baraque isolée au milieu de rien…). Avec ce contrat foireux, nos deux tueurs, « Mignon » et « Grand-père », en plein conflit de générations, s’embarquent pour un voyage au bout d’une nuit d’encre où il est question de modernité (qui est, comme chacun le sait, « pour les tantes et les frustrés »), d’orange, de vraies voitures et de bonnes vibrations. Vieux briscard contre jeune loup, la nuit risque d’être longue…

Le dessin de Mezzo est un véritable régal : clair, net, sans une once de superflu, jouant sur le noir pour créer des effets de contraste. Multipliant les gros plans, les cadrages en champ-contrechamp, les ellipses, il donne un aspect ultra cinématographique à sa narration. Sans charre, Mezzo la main froide maîtrise…

Concis, sec comme un coup de trique, à la fois sombre et drôle, ce petit album mérite d’être redécouvert.

Longue vie au Triangle !

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